Depuis novembre dernier et la destruction d’un bombardier russe par l’aviation turque, la Russie et la Turquie se dirigent, avec la Syrie comme pomme de discorde, vers un nouveau conflit majeur depuis la chute de l’Union soviétique. Ce n’est pourtant pas une surprise. Les deux pays n’ont jamais cessé de se faire la guerre, directement ou indirectement. Si l’on considère la Russie et la Turquie comme deux pays héritiers — respectivement de l’Empire tsariste et ottoman — il n’est pas surprenant qu’ils se confrontent à nouveau. Depuis 1568, onze guerres ont opposés ces deux entités. Aujourd’hui, la figure de l’homme fort, promue tant par Vladimir Poutine que par Recep Tayyip Erdogan, qui se présente comme le restaurateur de la gloire historique avec des ambitions politiques bien au-delà de ses capacités, ne fait rien pour arranger les choses.
Toutefois, il ne s’agit pas uniquement d’un conflit entre deux chefs d’Etat essayant de renvoyer l’image d’hommes puissants. Il est plutôt question d’un conflit engendré par des idéologies avec lesquelles ces deux hommes croient pouvoir assurer la puissance de leur pays. Poutine et Erdogan ont pu consolider leur pouvoir à la suite de la mauvaise gestion de la chute de ces deux empires historiques. En utilisant notamment cette mémoire et cette fierté impériales avec habileté.