Que se passe-t-il en Asie centrale ? A en croire la cartographie de l'information francophone, pas grand-chose. Comme d'autres territoires défavorisés par les médias internationaux, les cinq républiques centrasiatiques (Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kazakhstan) ne brillent pas vraiment par leur couverture médiatique. Rien d'étonnant a priori, tant ces pays difficilement localisables paraissent à des années-lumière du public hexagonal. Et justifient à eux seuls la loi de proximité enseignée dans les écoles de journalisme : plus c'est loin, tant géographiquement que culturellement, moins on en parle.
Car l'Asie centrale, c'est l'idée même d'une faille de l'information. Une faille voulue en partie par les lecteurs et qui se nourrit, bien souvent, de clichés peu flatteurs et teintés d'orientalisme. Dans le meilleur des cas, l'Asie centrale, ce sont de vastes étendues naturelles où vivent des nomades hors du temps. Plus généralement, c'est le royaume de dictateurs mégalomanes où la probabilité de se faire étriper approche les 100%. Reste l'anecdotique. Début janvier, on apprenait ainsi, à travers plusieurs grands médias, qu'un homme travaillant au Kirghizstan s'était fait expulser du pays pour avoir insulté une saucisse. Or, l'histoire, évidemment, était plus compliquée que cela.